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HISTOIRE DE SAUZET - GUERRE ET PAIX
BREVE HISTOIRE DE LA REGION DE SAUZET AU MOYEN-AGE
Texte écrit par Gilles Blachier à l'occasion des journées du patrimoine sur le thème « guerre et paix »
« Guerre et paix »... un tel thème pour la visite de Sauzet peut surprendre. Quoi de moins militaire
en apparence que ce joli village que l'on découvre depuis la route de la Coucourde? Un église, les restes d'un château,
des maisons dorées par le soleil...un décor pour un film de Pagnol où l'on n'imagine pas d'autre combat que celui des
joueurs de pétanque. Sans doute Sauzet, comme tout village, comme toute ville de France a-t-il connu les grandes guerres
du XXème siècle. Comme ailleurs en France , en 1914, les hommes ont dû quitter leurs champs ou leurs boutiques pour aller
se battre dans la boue des tranchées. Beaucoup y ont laissé leur vie comme en témoigne la liste des noms inscrits sur le
monument aux morts. Comme le reste de la France, Sauzet a connu le seconde guerre mondiale et les années sombres de
l'occupation. Plus que dans le patrimoine construit, ces moments ont laissé des traces dans la mémoire collective.
Cependant il serait tout à fait inexact d'opposer un passé lointain paisible et bucolique à une époque contemporaine troublée
par les grondements de la Grande Histoire...Le site même du vieux village, perché sur une butte, évoque un site défensif;
les remparts que l'on devine, entourant Sauzet, indiquent que, dans un passé ancien la vie était loin d'être
un fleuve tranquille. Les maisons fortes , Saint-Genis, Fontjulianne, qui se trouvent sur le territoire actuel
de la commune, confirment l'existence d'un passé peu calme...bien après le Moyen Age puisque Fontjulianne date
du début de l'époque moderne.
Partage de l'Empire de Charlemagne (843) Pour comprendre cela il faut faire un petit rappel historique
et remonter en 843 au traité de Verdun. L'empire de Charlemagne fut alors partagé en trois parties, la partie occidentale,
la Francie, à l'ouest du couloir rhodanien, depuis la région de Barcelone jusqu'à la Flandre, fut attribué à Charles le Chauve,
la Germanie, c'est à dire les pays correspondant à l'Autriche, la Tchéquie et la plus grande partie de l'Allemagne à Louis
le Germanique, tandis que Lothaire recevait un long couloir allant de la mer du Nord à la Méditerranée et comprenant des pays
aussi différents que la Westphalie, la Bourgogne, l'actuelle Suisse Romande, l'Italie du Nord, les régions Rhône-Alpes et PACA.
Eclatement de la Lotharingie. Royaume de Bourgogne (capitale Arles) Si la Germanie et la Francie, malgré l'émiettement
féodal, gardèrent une certaine unité devenant l'une le Royaume de France, l'autre le Saint-Empire, la Lotharingie n'allait pas
tarder à éclater en petits royaumes faibles, gouvernés par des rois dépourvus de moyens militaires. En 985, lorsque pour la
première fois il est mentionné par des textes, Sauzet fait partie du royaume de Bourgogne. Démembrement de la Lotharingie,
ce royaume comprenait les actuelles régions PACA, Rhône- Alpes, Franche Comté, la Suisse romande et le Mâconnais
(Saône et Loire actuelle). Sa capitale est Arles (il est parfois pour cela appelé Royaume d'Arles), il semble
que le souverain de l'époque, Conrad le pacifique (937-993) ne se soit rendu dans cette ville qu'une seule fois pour
s'y faire couronner, demeurant le reste du temps dans son modeste domaine de Vevey (actuellement en Suisse) auquel se
bornait son pouvoir effectif. Incapable de faire face aux invasions des Arabes d'Espagne et des Hongrois de Pannonie
il réussit cependant à les neutraliser en les opposant. Cependant il ne fut pas capable de supprimer les deux bases
musulmanes aux deux extrémités de son royaume, à la Garde Freinet dans les Maures et au Val d'Azergues dans le Beaujolais,
d'où les Sarrasins lançaient des razzias sur le royaume en toute impunité. En 972 ils avaient poussé l'audace jusqu'à capturer
l'Abbé de Cluny, Maheu, l'homme le plus puissant de Bourgogne. Maheu avait été relâché contre une énorme rançon que l'immense
réseau des riches abbayes clunisiennes avait eu du mal à rassembler. On peut penser que le sort de ceux qui ne disposaient
pas de tels moyens était moins heureux. Dans ces conditions il est peu surprenant que les habitants de la Drôme actuelle aient
voulu se réfugier à l'abri de forteresses, entourant leurs demeures d'un rempart de ville même dans des
agglomérations modestes. Rattachement au Saint-Empire Romain Germanique, émiettement féodal
Le rattachement du royaume de Bourgogne à l'Empire en 1032 ne changea pas grand-chose à la situation.
L'empereur était loin et se désintéressait du royaume d'Arles. Seul Frédéric Barberousse semble avoir pris
au sérieux son titre de roi de Bourgogne en se faisant couronner solennellement à Saint Trophime en 1178,
mais ce fut un geste sans lendemain, les affaires d'Allemagne et d'Italie et surtout sa lutte contre la papauté
accaparait l'essentiel de ses forces. On avait fini par se débarrasser des dernières enclaves musulmanes et
les Hongrois ne menaçaient plus, mais la sécurité n'était pas meilleure pour autant. Comme en France et en
Germanie les potentats locaux détenaient dans le royaume de Bourgogne la réalité du pouvoir, mais ces « puissants »
étaient beaucoup plus faibles que les comtes de Toulouse ou de Champagne en France, que les ducs de Bavière ou de Saxe
en Allemagne. Les Princes d'Orange, les Adhémar de Montélimar, les Dauphins du Viennois ne gouvernaient effectivement
que de très petites unités territoriales tout comme les Comtes ou Marquis de Provence dont les titres pompeux ne doivent
pas faire illusion. De même les évêques de Viviers, de Valence ou de Saint-Paul Trois Châteaux ne sont nullement
comparables aux princes ecclésiastiques de l'Allemagne d'alors. En général ces « puissants » contrôlent moins de la moitié
d'un département actuel, toutefois la querelle des investitures, puis la lutte entre le sacerdoce et l'Empire leur donnent un
prétexte idéal pour tenter d'accroître par la guerre leurs modestes possessions. Les uns se rangent au parti de l'Empereur
pour pouvoir s'approprier le domaine du voisin ...et vice versa. De ce fait aux guerres étrangères se substituent des
guerres privées entre une multitude de châtelains indépendants ...ou presque. Les guerres entre l'évêque de Valence et
le comte de Valentinois, entre l'évêque de Viviers et les Adhémar, entre l'évêque de Saint-Paul Trois Châteaux et le Prince
d'Orange causent de grand dommage à la population. Non que les effectifs soient bien grands et les batailles bien sanglantes
- de part et d'autres ce sont surtout des mercenaires qui se battent et leurs chefs n'entendent pas ainsi gaspiller leur capital
humain, comme disent les modernes DRH- mais le problème est que, prince ecclésiastique ou temporel, on manque souvent
d'argent...la troupe se paie alors sur le pays en pillant, en violant, en tuant, en incendiant.
En ce qui concerne Sauzet et la Valdaine, une période semble un peu plus calme : de la fin du XIème
siècle au début du XIIIème les Adhémar arrivent pendant un peu plus d'un siècle à imposer un pouvoir suffisamment
fort pour assurer une certaine sécurité. Sauzet est à l'époque une de leurs places fortes, les Adhémar n'y résident
pas mais la forteresse peut servir d'abri aux habitants en cas d'attaque; le châtelain ministériel qui y habite représente
le seigneur et perçoit les droits. Les désordres de la fin du Moyen Age Le XIIIème siècle,avec la crise albigeoise
ramène les guerres. Au début du siècle les croisés de Simon de Montfort luttent contre les Adhémar de Poitiers alliés
du comte de Toulouse. Ils traversent le Rhône à Viviers, détruisent le château de Sauzet, pillent la ville de Crest
et la vallée de la Drôme, épargnant cependant Montélimar. Le XIVème siècle est probablement la période la plus
difficile du Moyen Age : les troupes des écorcheurs chassés du Royaume de France par les trêves entre Anglais et Français viennent
se mettre au service des pouvoirs locaux ou simplement, sur ces terres sans pouvoir fort, viennent piller pour leur propre
compte. C'est à cette époque que des villages comme Livron ou Loriol sont assaillis par des bandes...C'est aussi
à cette époque que Sauzet, comme Savasse et Montélimar renforcent leur remparts. La Valdaine est alors une partie
du comté de Valentinois et troublée par les guerres incessantes que se livrent, pour ne pas changer, le comte et
l'évêque de Valence. Le rattachement au Dauphiné Cette guerre ne prend fin qu'avec le legs du Valentinois par
son dernier comte au dauphin de France. Ce rattachement au Dauphiné n'est cependant effectif qu'en 1446.
On voudrait dire qu'enfin la guerre s'éloigne de notre région. La guerre privée, sans doute, pour quelque temps,
mais les guerres de religion au XVIème siècle prennent ici une violence particulière, la noblesse et le bourgeoisie
de robe ayant massivement adhéré à la réforme tandis que la noblesse d'épée demeurait majoritairement catholique.
Mais nous entrons là dans l'histoire de France.
1914-1918 LA PREMIERE GUERRE MONDIALE VUE DE SAUZET
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